Les conditions de détention s’aggravent chaque jour qui passe dans la prison de KANGBAYI en ville de Beni, au Nord-Kivu. Le surnombre des prisonniers est l’une des conséquences de ces mauvaises conditions de vie dans cette maison pénitentiaire. Il y a quelques semaines, le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme tirait la sonnette d’alarme dans un rapport qui répertoriait une dizaine de cas de décès dans cette prison entre août et septembre. Le jeudi 28 septembre, Radio Moto a rencontré deux jeunes qui venaient juste de purger leur peine à KANGBAYI. Ils décrivent le calvaire vécu dans cette prison.
Reportage
Construite pour accueillir, 250 personnes, la prison centrale de Beni KANGBAYI héberge actuellement au moins 1400 détenus. Cette promiscuité crée des conditions de détention très déplorables. À la pénurie d’eau et des nourritures, s’ajoute le non-accès aux soins de santé.
Ce jeune garçon, qui garde l’anonymat, y a été détenu pour coups et blessures volontaires et sa peine a expiré jeudi 28 septembre. Nous le rencontrons au sortir de la prison. Tout joyeux de recouvrer sa liberté, ce jeune n’a pas oublié le calvaire qu’il a vécu dans cette prison.
« J’étais poursuivi pour coups et blessures volontaires après une bagarre avec mon ami Julien. J’ai fait 8 mois en prison. On mange ici difficilement. On trouve ici souvent du maïs, juste un petit gobelet pour toute une nuit. Et si on n’amène pas les bois de chauffage, tout se complique et là, on risque de dormir sans manger. Donc, dans cette prison, il y a vraiment un vrai calvaire. Des gens meurent ici et d’autres y tombent malades », témoigne-t-il.
Le même jour, le jeune Julien a été aussi libéré de la prison. Il y était aussi pour coups et blessures volontaires. Lui aussi décrit son séjour dans cette prison. Avec des difficultés de dormir suite au surpeuplement de la prison, Julien raconte aussi que c’est à peine qu’il trouvait un repas par jour.
« Il y a des toilettes dans cette prison, mais de fois, on y manque de l’eau. Facilement, on peut faire trois jours sans recevoir de l’eau. Et autre chose, si aujourd’hui, on a préparé du Maïs par exemple, demain s’il y a des bois de chauffage, on peut préparer les haricots sans rien qui l’accompagnent. Si par exemple, on mange maintenant, il faut attendre demain pour espérer trouver encore à manger et si on ne prépare pas, c’est fini », décrit-il son calvaire.
Parmi ceux qui sont détenus dans cette prison figurent des prévenus qui n’ont jamais comparu. D’autres attendent leur jugement. À l’extérieur de cette maison carcérale, nous avons rencontré monsieur KATEMBO KIKUMU venu rendre visite à son frère détenu depuis environ une année pour vol simple, selon lui. Il regrette que son frère ne soit toujours pas présenté au juge. KATEMBO KIKUMU craint pour la santé de son frère.
« Il est en prison parce qu’il avait volé un bidon d’huile et des cacaos. Depuis qu’il est là, personne n’est venu le confronter. Il vient d’y passer environ une année, mais il n’est toujours pas jugé. Mon frère souffre vraiment beaucoup, on veut qu’il soit libéré. Il vient de faire plusieurs mois en prison sans être jugé et son plaignant n’est jamais revenu », s’inquiète-t-il.
Il y a quelques jours, le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme tirait la sonnette d’alarme dans un rapport publié le 15 septembre dernier. Selon ce rapport consulté par la Radio Okapi, la prison de KANGBAYI fait face à un problème d’approvisionnement par le Gouvernement.
Cette situation est à la base de plusieurs cas de malnutrition et d’autres maladies. Conséquence, 17 détenus ont trouvé la mort dans cette prison depuis le mois d’août dernier, note ce rapport. Dix d’entre eux sont décédés pendant les deux premières semaines de septembre.
Ce document indique que la majorité de ces détenus morts étaient des prévenus à la disposition des instances judiciaires civiles et militaires de Beni. Ils étaient poursuivis notamment pour vol simple, pêche illicite, association des malfaiteurs, viol, meurtre et participation à un mouvement insurrectionnel.
SamK.