Le président de la République, Félix Antoine Tshisekedi, a accusé le Rwanda et le M23 d’implanter des familles étrangères dans des zones dépeuplées en raison des combats. Il a exprimé ces préoccupations lors de son discours sur l’état de la nation, prononcé devant les deux chambres du Parlement réunies en congrès, mercredi 11 décembre dernier.
Cette stratégie adoptée par les agresseurs de la RDC menace l’unité du territoire national, affirme Djimy Kighoma, spécialiste en relations internationales, lors d’une interview accordée à Radio Moto Oicha ce vendredi 13 décembre 2024.
Selon cet expert, le repeuplement des entités congolaises par des familles étrangères soulève des inquiétudes majeures quant à l’unité et à la souveraineté nationale. Kighoma craint que cette situation n’entraîne le pays vers une balkanisation.
« Il s’agit d’une partie du territoire qui est en danger, car la crainte est de savoir si nous n’allons pas vers une balkanisation au vrai sens du terme. On pourrait avoir peur de se demander si ces gens, quand ils seront tellement nombreux dans cette zone, ne vont pas être forcés à participer à un référendum, y compris d’autres communautés qui sont là. Ce référendum pourrait demander, par exemple, la scission d’une partie de la province, notamment la partie qu’ils occupent, et cela peut avoir une conséquence grave sur l’intégrité du territoire national. C’est dans ce sens que d’autres États ont été scindés. Si le Soudan du Sud est divisé aujourd’hui, c’est à cause de ce genre de situation », a-t-il expliqué.
L’expert en relations internationales appelle les autorités congolaises à assumer leur responsabilité pour préserver l’intégrité territoriale et l’indivisibilité de la RDC. Selon lui, le Chef de l’État, en tant que garant de la nation, ne devrait pas se limiter à des accusations contre l’ennemi.
Kighoma souhaite voir Félix Tshisekedi et son gouvernement prendre des mesures urgentes pour trouver une solution adéquate afin de protéger la partie du territoire national en danger.
« Notre gouvernement devrait davantage agir. Nous ne souhaitons pas que le président se limite à une dénonciation, il doit totalement agir en tant que garant de l’intégrité territoriale, car la crainte est que l’on soit en train de vouloir matérialiser cette balkanisation tant vantée, tant proclamée par plusieurs chercheurs. C’est un appel à la prudence à la population congolaise et particulièrement au gouvernement congolais qui devrait agir dans l’urgence sur cette situation », a-t-il lancé.
Dans son discours, le président congolais a également souligné que ce « phénomène alarmant » est visible au-delà des déplacements massifs de populations provoqués par la guerre, estimant à 7 millions le nombre de personnes vivant en dehors de leurs ménages.
D’après le Chef de l’État, cette dynamique soulève des enjeux majeurs en termes de souveraineté nationale, d’équilibre démographique et de cohésion sociale. Félix Tshisekedi a ainsi estimé que cette question nécessite une réponse urgente et coordonnée de la part de l’État congolais.
Sam Kitha D.