Boycott des consultations pour un gouvernement d’union nationale : quelles motivations pour l’opposition ? ( Analyse)

Alors que les consultations pour la formation d’un gouvernement d’union nationale se poursuivent, le boycott des principales formations politiques de l’opposition est bien visible. Mais quelles sont les véritables motivations derrière ce refus ? Un politologue et enseignant d’université analyse les enjeux de cette posture, entre ambitions de pouvoir et stratégies politiques de l’opposition.

Certains partis de l’opposition ont choisi de boycotter les consultations initiées pour la formation d’un gouvernement d’union nationale. Une décision qui, selon le chef des travaux Julien LUNGA SHUTSHE, s’explique par des enjeux de pouvoir majeurs. Ce politologue estime que, derrière cette posture, l’opposition viserait à la fois une reconquête du pouvoir et l’obtention des postes importants tels que la primature pour peser dans les décisions politiques.

« Les partis politiques de l’opposition ont une vision assez élargie que d’aucuns ne peuvent comprendre. Ces boycotts ne s’expliquent pas sur les petites perceptions politiques, car les enjeux politiques de l’opposition par rapport à ces consultations sont immenses. Il ne faut pas voir les choses par le bas, il faut voir très loin. Le refus d’adhérer au processus de consultation peut aussi avoir comme justification les enjeux, les grands enjeux du pouvoir que l’opposition est en train de viser », a-t-il expliqué.

L’enseignant à la faculté des sciences politiques de l’Université de l’Assomption du Congo interprète également la stratégie du régime actuel visant à former un gouvernement d’union. Selon l’analyste, cela permettrait au gouvernement d’atténuer les pressions de l’opposition qui ferait partie de cette nouvelle structure. De plus, dit-il, certaines crises qui secouent le pays pourraient être résolues grâce à cette approche.

« Je trouve que de l’autre côté, le gouvernement étant au pouvoir voulait à tout prix maintenir d’abord son pouvoir en s’appuyant sur la démarche de la création d’un gouvernement de l’union nationale qui pourra à cet effet encadrer les grands membres des partis politiques de l’opposition. Ces derniers vont à cet effet diminuer leur virulence parce qu’ils sont au pouvoir. Le gouvernement utilise cela comme une démarche qui pourra peut-être atténuer quelques pressions de l’opposition, parce qu’on ne peut pas être au pouvoir et à la fois critiquer ce même pouvoir, cela ne pourra pas aller », estime-t-il.

Pour rappel, les consultations initiées par le président Félix Tshisekedi ont débuté le lundi 24 mars 2025 à Kinshasa. Elles concernent les leaders d’opinion, la société civile, la jeunesse, d’anciens responsables militaires, ainsi que des membres de l’opposition et de la majorité. Cependant, ces consultations sont boycottées par les principales formations de l’opposition qui affirment privilégier celles initiées depuis février par les évêques catholiques et pasteurs protestants.

Sam Kitha D.

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