Beni : des acteurs sociopolitiques découragent des manifestations anti-MONUSCO, après la déclaration de Jean-Pierre Lacroix
Les récents propos du secrétaire général adjoint de l’Organisation des Nations Unies (ONU), chargé des opérations de maintien de la paix, ne devraient pas occasionner de nouvelles manifestations populaires contre la MONUSCO en RDC. Ces manifestations ne peuvent pas avoir d’impact sur le mandat de cette mission au pays, dès lors que ce sont les décideurs qui s’expriment. C’est ce qu’estiment deux acteurs sociopolitiques du territoire de Beni, conviés ce dimanche 22 septembre 2024 à l’émission débat « Droit de savoir » sur Radio Moto Oicha.
Cette émission a porté sur les récents propos du secrétaire général adjoint de l’ONU, qui a déclaré le 20 septembre dernier à Goma que la date du 31 décembre 2024, selon laquelle la MONUSCO va quitter la RDC, n’est qu’une rumeur plutôt que quelque chose de réel. Il a ajouté qu’on ne peut pas croire au départ de la MONUSCO en décembre prochain. Cette communication de Jean-Pierre Lacroix rappelle celle de la ministre des Affaires étrangères, Thérèse WAMBA, le 8 juillet 2024, lors d’un briefing de presse à Kinshasa. Elle déclarait que le contexte actuel de la situation à l’Est de la RDC n’est plus favorable au départ de la MONUSCO, surtout au Nord-Kivu et en Ituri.
Pour le chef des travaux Mwami Pascal Bulembo, politologue de formation et un des invités à l’émission, la population doit éviter de continuer à manifester contre la MONUSCO, puisque ce sont les décideurs qui se sont exprimés.
« Je prépare la population, n’allez plus dans les rues… Je m’étonne, quelqu’un qui est déjà informé, vous les verrez marcher contre la MONUSCO. Bon, vous marchez, est-ce que vous avez le pouvoir de faire partir la MONUSCO ? La personne habilitée a déjà déclaré. Alors, si vous osez, je crains qu’on assiste à des morts et la MONUSCO restera. Et comme le gouvernement vient d’acter, laissez la MONUSCO faire… », lance le chef des travaux Mwami Pascal.
L’autre invité à la même émission débat est le premier rapporteur de la société civile en territoire de Beni. Lui pense que tout peut se faire pacifiquement, si la population ne comprend plus rien de la présence de la MONUSCO au pays. Janvier Kasereka Kasayiryo suggère une rencontre avec le gouvernement ou mieux avec les Nations Unies. Il estime que c’est possible si tout s’organise avec les élus nationaux.
La question de la mission onusienne en RDC fait parler d’elle depuis que, en plus des manifestations populaires anti-MONUSCO, le gouvernement congolais lui-même est devenu très critique face au mandat de cette mission.
C’est comme le 20 septembre 2023 au débat général de la 78e session de l’Assemblée générale, à la tribune des Nations Unies à New York, où le président congolais avait plaidé en faveur du retrait progressif de cette Mission des Nations Unies en RDC à partir de décembre 2023.
Félix Tshisekedi avait pointé du doigt l’incapacité des missions de maintien de la paix déployées, sous une forme ou une autre, depuis 25 ans à faire face aux rébellions et conflits armés touchant la RDC et la région des Grands Lacs, « ni à protéger les populations civiles ».
C’est ainsi que le président congolais affirmait qu’il était « illusoire et contre-productif de continuer à s’accrocher au maintien de la MONUSCO pour restaurer la paix en RDC ».
Nganga Victor Mbafumoja
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