La diplomatie sous l’administration Trump pourrait changer la donne sur la scène internationale, notamment concernant les conflits entre certains pays. C’est ce que pense Frédéric Amani, chercheur associé en sciences politiques et relations internationales à l’université de Lubumbashi.
Ce spécialiste soutient que le futur 47e président des États-Unis n’est pas un homme qui promeut les guerres. Selon lui, la position de Donald Trump pourrait influencer la fin des conflits qui secouent le monde, soit en maintenant le statu quo, soit en les aggravant.
“Certes, avec l’arrivée de Donald Trump, il faut s’attendre à de nombreux changements, et il y en aura certainement. Ces changements peuvent être bénéfiques pour certains et nuisibles pour d’autres. Concernant les conflits sur la scène internationale, il est important de noter que Donald Trump n’est pas un dirigeant qui aime engager son pays dans la guerre. Il l’a déjà affirmé lors de son mandat précédent. À cet égard, trois possibilités se présentent : avec son arrivée à la tête de l’administration américaine, les conflits dans le monde pourraient augmenter, stagner (nous pourrions connaître un statu quo), ou diminuer,” explique le chercheur.
Pour le constater, Frédéric Amani préconise de laisser le temps faire son œuvre. “Je crois qu’il est crucial d’observer les actions que l’administration Trump entreprendra dès janvier 2025 pour comprendre si les changements sur la scène internationale en matière de conflits apporteront les résultats escomptés, stagneront ou diminueront,” a-t-il ajouté.
Implications pour l’Afrique
Concernant ce que l’Afrique peut tirer de l’élection de Donald Trump, le spécialiste reste prudent. Il pense que les dirigeants africains devraient s’efforcer de signer des partenariats gagnant-gagnant avec les États-Unis, rappelant que les relations internationales ne sont jamais gratuites.
“L’Afrique doit s’attendre à tout. Il ne faut jamais oublier qu’en relations internationales, les États ne se font pas de cadeaux. L’Afrique ne doit pas croire qu’avec l’arrivée de Donald Trump, tout sera rose dans le partenariat entre l’Afrique et les États-Unis. Tout dépend des efforts que les États africains et leurs dirigeants déploieront pour que la coopération et le partenariat entre les États-Unis et l’Afrique soient d’égal à égal, avec des bénéfices mutuels. Dans le cas contraire, l’Afrique risque de devenir une simple passerelle pour les intérêts américains, se contentant de coopérations peu fructueuses,” explique encore Frédéric Amani.
Les défis de la RDC et sa politique étrangère
Il en va de même pour les dirigeants congolais, qui doivent influencer l’administration Trump afin qu’elle s’implique dans la question de l’Est de la RDC et y impose la paix. “Je pense qu’un travail considérable doit être fait du côté congolais pour convaincre Donald Trump et son administration de s’investir et de poser des actes qui apporteront réellement la paix et la sécurité à l’est de la RDC,” a-t-il indiqué.
Mais, ajoute-t-il, penser que Donald Trump ou son administration travaillera à la place du gouvernement congolais serait une erreur. Une idée également soutenue par Djimi Kighoma, un autre spécialiste en relations internationales. Lui mise sur la politique étrangère de la RDC et appelle les dirigeants congolais à mener une diplomatie active pour séduire le nouveau président américain.
“Tout dépendra de la politique étrangère de notre pays. Je ne vois pas ce que le Rwanda peut offrir aux États-Unis que la RDC ne puisse pas donner. Tout dépend de la dynamique et de la politique étrangère que nous mènerons à l’égard du régime Trump. Les conflits de la RDC ne peuvent être résolus que par la RDC elle-même. Il est évident que pour y parvenir, nous devons avoir une armée forte et dissuasive. C’est là que nous devrions davantage axer notre politique. Si les États-Unis peuvent nous aider à renforcer notre armée, tant mieux, même s’ils font de même du côté du Rwanda et de l’Ouganda. Il est donc chimérique et utopique de penser que l’arrivée de Donald Trump changera les choses,” a-t-il expliqué.
Donald Trump, candidat républicain, a remporté l’élection présidentielle américaine mardi dernier face à la vice-présidente démocrate Kamala Harris. Le nouvel homme fort des États-Unis devra faire face à des tensions meurtrières entre certains pays occidentaux et ceux du Proche-Orient, ainsi qu’en Afrique.
Sam Kitha D.