La Journée internationale de la femme rurale a été célébrée mardi 15 octobre. À cette occasion, radio Moto Oicha a voulu faire découvrir ces femmes paysannes chassées de leurs champs par la guerre, mais qui s’organisent dans la commune d’Oicha. Elles ont mis en place des petits jardins afin de lutter contre la famine. Et grâce à leur savoir-faire, ces femmes nourrissent leurs familles et répondent aux besoins essentiels de ménages. Nous les avons rencontrées ce mercredi 16 octobre dans leur jardin. Encadrées par une organisation locale des agronomes et de vétérinaires, elles font, cependant, face à nombreux défis.
REPORTAGE SAMY AVEC DES FEMMES PAYSANNES OICHA
Depuis quelques années, Kahambu Jeannette n’accède plus à son champ situé à l’ouest de la commune d’Oicha, en raison de l’insécurité orchestrée par la rébellion des forces démocratique alliées, ADF. Il y a quatre ans, au côté des autres femmes, elle s’est lancée dans de petits jardins.
Ce mercredi, nous l’avons rencontrée en pleine activité de sarclage des choux et tomates dans son jardin à Pumuziko, à l’ouest d’Oicha. Grâce à ses productions, Jeannette parvient à nourrir sa famille et à répondre à ses besoins essentiels, tels que la scolarisation de ses enfants.
“Je suis au jardin, je fais la culture des choux, des tomates et des poireaux. Ça m’aide beaucoup parce que je ne vais plus dans mon champ. Quand je cultive ces cultures, ça me permet de payer la scolarité de mes enfants. On mange aussi de ces cultures, surtout ce que je récolte. Donc je peux dire que depuis l’avènement de la guerre, je fais du jardinage et c’est ce qui m’aide. Je n’ai pas un autre travail à part ces jardins”, témoigne-t-elle.
Kahindo Ndayango, une autre femme paysanne, a également pris l’initiative de créer de petits jardins pour s’auto-prendre en charge. Mère de famille, elle a dû abandonner son champ à cause des violences et s’en sort grâce à ses productions.
Cependant, elle et toutes les autres femmes paysannes doivent faire face à de nombreux défis. C’est notamment le vol de leurs cultures, le non accès aux semences et aux grands espaces pour implanter leurs gradins.
“Ça nous aide à nourrir la famille. Sans ces jardins, je ne sais pas ce qui pourrait arriver parce qu’on n’accède plus à nos champs à cause de la guerre. Mais il y a des voleurs qui dérobent nos cultures. De plus, nous n’avons pas de terrains suffisamment grands pour implanter nos jardins et nous n’avons pas de semences. On en trouve quand nous vendons nos produits. Que les autorités nous aident”, a-t-elle déclaré.
L’initiative d’encadrer ces femmes est du Club de Rassemblement des Agronomes et Vétérinaires pour la Révolution de l’Agriculture et de l’Élevage au Congo, CRAV/CONGO en sigle, une association locale d’Oicha.
Elles sont environ 65 femmes paysannes autour de cette initiative. Olivier KIHULIRO, agronome-terrain de l’organisation, se réjouit que, grâce à leurs productions, ces femmes répondent aux besoins alimentaires de leurs familles et de la communauté.
« Elles s’autosuffisent sur le plan alimentaire parce que, vous savez, avec notre situation sécuritaire qui est toujours précaire, elles n’accèdent pas aux champs. Et quand il y a des barrières pour accéder aux champs, elles se ressourcent directement à travers des petits jardins potagers qu’elles ont dans leurs parcelles », a-t-il fait savoir.
Cela fait plusieurs années depuis que des cultivateurs sont tués dans leurs champs ou sur des routes en desserte agricole dans la région de Beni. Nombreux champs sont ainsi restés inaccessibles. Cette situation a poussé certaines familles qui vivaient grâce à l’agriculture à trouver d’autres options pour surmonter la famine et subvenir à leur besoins familiaux.
Sam Kitha D.