Beni : des parcelles transformées en champs et cimetières 9 ans après le premier massacre à Mukoko
Des parcelles sont déjà transformées en champs et cimetières dans le village de MUKOKO, situé en groupement Bambuba-Kisiki, à près de 10 kilomètres au Nord d’Oicha dans le territoire de Beni. Ce village est celui qui a connu la première tuerie sauvage des civils par les rebelles de l’ADF, c’était le 02 octobre 2014. 9 ans après, MUKOKO n’est qu’habité actuellement par des militaires des FARDC, après le déplacement de plus de 1000 habitants. Certains de ces habitants y reviennent la journée, juste pour des activités champêtres.
Reportage
L’attaque était survenue la nuit du 02 au 03 octobre 2014. Ici, le chef capita du village MUKOKO, monsieur MOTIFA BUKAWU nous conduit à l’endroit qui était la première cible de l’ennemi, c’est là où s’exerçaient les activités commerciales dans son entité. Lui a déjà trouvé refuge dans la localité de Matombo d’où il vient souvent, pour les activités champêtres à Mukoko.
« Ils étaient arrivés, c’était la nuit autour de 22 heures. On avait entendu le crépitement quand ils se retiraient du village après avoir fini leur opération. Ce jour, ils avaient tué 2 civils, Jean-Pierre et Amoti. C’était ma toute prière fois de voir une personne tuée par machette. Après avoir tué ces civils, ces rebelles avaient dévalisé les maisons de commerce qui œuvraient ici et emporté 20 chèvres. Depuis lors, Mukoko n’est pas habité par des civils, seulement les militaires. Nous avions plus de 500 maisons d’habitants ici, avec plus de 1000 habitants, mais aujourd’hui…. Les écoles ont été délocalisées. Et cette position militaire est implantée là où était le centre de santé», raconte-t-il.
Près d’une semaine après cette attaque, les rebelles avaient pris d’assaut le même village du côté de Maibo, où 7 personnes étaient tuées, d’autres enlevées. Des attaques en répétition même aux alentours de Mukoko qui avaient occasionné le déplacement des habitants qui tentaient de résister, selon le chef capita.
Parmi les anciens habitants de Mukoko aujourd’hui déplacés, figure Kahindo KIMIDI Germanie qui a déjà transformé sa parcelle à un champ. Elle n’y retourne que la journée pour cultiver.
« Aujourd’hui, nous venons à Mukoko, on dirait des visiteurs. Nos parcelles sont devenues nos champs et ont été transformées à des cimetières. Les gens avec qui nous avons fui jusqu’à oicha, quand ils meurent là-bas, nous les ramenons ici pour les enterrer dans leurs propres parcelles. Ça ici, c’est le temple de l’Église Adventiste. Nous nous réunissions souvent ici et je ne pense pas si on y reviendra. Dans la cour, nous cultivons maintenant le manioc. Moi, j’habitais à 20 mettre de cette Église, c’est chez moi », a-t-elle témoigné.
Disons que nombreux habitants qui avaient fui les différentes attaques rebelles contre le village de Mukoko et environ vivent actuellement en commune d’Oicha et dans les localités voisines de Tenambo voire Matombo. Si les uns sont logés dans les salles de classe et les sites qui hébergent les déplacés de guerre, les autres vivent dans des familles d’accueils.
Nganga Victor Mbafu1
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