Beni : les discussions sur la situation sécuritaire en général éclipsent le débat sur les Wazalendo à Oicha

Certains membres de la communauté d’Oicha et des environs se sont retrouvés ce vendredi 20 septembre 2024 dans la salle polyvalente Mathe Mathieu, en commune d’Oicha, territoire de Beni. Au lieu de faire face au porte-parole des FARDC dans le grand Nord pour parler de la question des WAZALENDO comme annoncé, ils se sont retrouvés face aux délégués des commandants des opérations dans la zone pour discuter de la situation sécuritaire en général.

Tout a changé dans la salle lorsque les principaux intervenants ont jugé qu’il n’était pas opportun de traiter le sujet prévu à l’ordre du jour. Organisé par la coordination territoriale de la société civile de Beni, avec l’appui technique du conseil territorial de la jeunesse, il était prévu, selon l’annonce des forces vives faite la veille, que le porte-parole des FARDC dans le grand Nord-Kivu vienne éclairer les questions liées aux jeunes volontaires pour la défense de la patrie (VDP) ainsi qu’aux réservistes armés pour la défense (RAD).

Cependant, sur place ce vendredi, ce sont plutôt le directeur du bureau civilo-militaire Beni-Lubero, délégué du commandant secteur, et le délégué du commandant axe Nord qui se sont présentés aux côtés du délégué de l’administrateur du territoire et du bourgmestre de la commune d’Oicha.

Après l’exposé des motifs par Janvier Kasayiryo, premier rapporteur de la société civile territoriale, ce sont les deux délégués des commandants des opérations qui ont pris la parole. Ils ont notamment déclaré qu’il n’était pas opportun d’aborder la question des WAZALENDO et qu’il fallait attendre le commandant secteur pour en discuter. Pour eux, la lettre d’information de la société civile donnait à penser qu’il s’agissait d’une activité de sensibilisation animée par la structure citoyenne.

La séance est rapidement devenue une occasion d’échange sur la situation sécuritaire dans la zone. Plusieurs acteurs communautaires tels que le bourgmestre de la commune d’Oicha, le délégué de l’administrateur, le député honoraire Mathe Mathieu ainsi que les membres de la société civile d’Oicha et du secteur de Beni-Mbau sont intervenus pour clarifier la question WAZALENDO.

Dans tous les cas, ils ont souligné qu’un patriote n’est pas celui qui se méconduit, mais plutôt celui qui collabore avec son armée. Les officiers militaires présents ont également précisé que les WAZALENDO ne sont pas rejetés même à Beni, mais qu’une bonne coordination avec l’armée est nécessaire. Au moins sept participants ont ensuite posé des questions et formulé des recommandations concernant les volontaires, les tracasseries militaires dans la zone et d’autres questions liées à la sécurité. C’est ainsi que s’est terminée la séance.

Dans leurs mots de clôture, les différents intervenants ont insisté sur l’importance de distinguer les vrais WAZALENDO des faux afin d’éviter de travailler au service de l’ennemi.

Il convient de noter que la question WAZALENDO fait la une en territoire de Beni depuis juillet 2024, lorsque des jeunes se sont réunis à Oicha/Muvingi autour de l’administrateur du territoire. Ce dernier avait promis, jusqu’à aujourd’hui, de revenir avec précision sur l’orientation donnée à cette centaine de jeunes qui affirmaient être prêts à défendre leur patrie.

Depuis quelques semaines, certains de ces jeunes ont été interpellés par l’armée dans la partie ouest du secteur Beni-Mbau où ils se sont retrouvés sans explication claire quant à leur but. Dans cette zone se déroulent actuellement les opérations conjointes FARDC-UPDF.

Wynnie Lusenge & Nganga Victor