Le système de vol de cacao par les enfants au marché central d’Oïcha, chef-lieu du territoire de Beni (Nord-Kivu), a pris une nouvelle forme. Environ une quarantaine d’entre eux sont désormais réunis en association et passent la nuit dans des caniveaux autour des dépôts d’achats à la recherche de ces produits, alerte un chef de base.
Ils sont visibles 24 heures sur 24 en errance dans les avenues environnantes des dépôts de cacao au marché central d’Oïcha. D’ailleurs, pour preuve, la nuit du dimanche au lundi 28 octobre 2024 n’a pas été rose pour Kambale Liso Jean, chef d’avenue du Trente Juin.
Il a pourchassé presque toute la nuit ces enfants qui ont trouvé asile dans la rue et qui se livrent au vol de cacao. Selon lui, ils se sont réunis en association. Pour en faire partie, il faut verser au moins un kilogramme de cacao à l’équipe, précise ce chef de base.
« Leur âge varie entre 8 et 14 ans. Ce sont ces plus âgés qui entraînent les plus jeunes. Ils sont environ une quarantaine. Les uns dorment dans des caniveaux, les autres dans des kiosques. Ils ramassent les fèves de cacao. Ces jours-ci, le système a changé. Ils font semblant de se battre et toi, responsable de la parcelle, si tu oses assister à leur combat, ils entrent dans ta maison et emportent tout. La police vous parle des droits des enfants ; allez-vous-en occuper, non ? Leur siège est sur le boulevard du 30 juin. Ils y dorment et ce matin, ils y étaient », a-t-il dit à Radio Moto Oïcha.
À 10 heures ce lundi, Radio Moto Oïcha échangeait difficilement avec ces gamins dans une parcelle située non loin de la source Oïcha/Nzima, où ils se réunissent. Pour l’un d’eux, c’est un moyen facile de se procurer de l’argent et de répondre à leurs différents besoins.
Hors micro, un autre a affirmé avoir abandonné les études pour ce « job ». Selon lui, ils sont moins nombreux ceux qui passent la nuit à l’extérieur ; les autres regagnent leurs domiciles tard dans la soirée. Certains reconnaissent avoir été arrêtés par la police qui leur avait menacé de les détenir pendant trois semaines au cachot. Ils ont toutefois été remis dans leurs familles, ont-ils dit.
Les acheteurs de cacao qui se sont aussi exprimés hors micro précisent avoir alerté les services compétents plus d’une fois, mais sans succès et se disent fatigués.
Alertée lors de la parade ce lundi, Madame Kavira Mwenge Eugénie, bourgmestre de la commune d’Oïcha, rappelle la responsabilité des parents.
« Ces enfants sont innocents. L’enfant est né de quelqu’un qui ne peut pas le délaisser dans la rue. Que chaque parent prenne ses responsabilités. Et s’il ne sait plus gérer son enfant, qu’il l’encadre dans des travaux champêtres ou dans d’autres travaux manuels », préconise l’autorité communale.
Au cours de cette même parade, la thèse de l’arrestation de ces enfants par les services spécialisés n’a pas été écartée. Ils sont à la quête du cacao non seulement au marché central d’Oïcha mais aussi dans les champs des cultivateurs à Kekelibo, Kafeza et environs, indiquent ces enfants de la rue.
JC Mbafumoja