Du 2 octobre 2014 au 2 octobre 2024, déjà 10 ans marquent la persistance du calvaire criminel en territoire de Beni. Plusieurs civils ont perdu leur vie, victimes de la méchanceté des rebelles des forces démocratiques et alliées, ADF.
Le 2 octobre nous rappelle le premier massacre des civils enregistré dans la région de Beni, en province du Nord-Kivu. À cette date, c’est le village de Mukoko, situé à près de 10 kilomètres au nord d’Oicha, qui a été ciblé par les premières tueries à la machette. Par la suite, presque toutes les entités de la région de Beni ont été touchées par ces massacres, qui perdurent depuis 10 ans.
À l’occasion de ce dixième triste anniversaire, Radio Moto Oicha a rencontré un psychologue clinicien. Ces tueries ont laissé des séquelles psychologiques sur les habitants de la région de Beni, comme l’indique le psychologue Mihindo Muthenyo Joël, du Centre de Protection des Indigents et Malades Mentaux, CEPIMA Oicha. Il témoigne de leur prise en charge psychologique par des spécialistes.
« Quand nous voyons des cadavres sur des motos, un membre de la famille est mort, ça peut nous toucher psychologiquement. La conséquence est que vous pouvez tomber dans des troubles mentaux soit des souffrances psychologiques », révèle notre source.
Toujours au CEPIMA/Oïcha, nous avons rencontré un patient, rescapé des massacres qui est désormais stabilisé. Monsieur Anselme témoigne que sa maladie a débuté après avoir subi des traumatismes lors d’une attaque meurtrière à Beu-Manyama. Cependant, depuis son hospitalisation, il constate une bonne évolution de son état mental.
«Si je suis ici, c’est à cause d’un massacre perpétré à Beu-Manyama. Les ADF nous avaient surpris en pleine récolte de cacaos. Moi, j’avais fui en brousse, mais d’autres avec qui nous étions avaient été pris en otage et d’autres massacrés. Cette situation m’avait dépassé vraiment. Quand je suis arrivé à Oicha, j’étais déjà traumatisé et c’est comme ça qu’on m’avait amené ici au CEPIMA. Aujourd’hui je me sens vraiment bien après l’aide des psychologues, je suis maintenant stabilisé», a-t-il témoigné.
Depuis janvier 2024, le CEPIMA et le Centre d’Écoute Psycho-clinique La Dignité, deux structures psychiatriques œuvrant à Oicha, ont déjà enregistré une dizaine de cas de traumatismes liés aux massacres.
Notre source conseille aux victimes des massacres de consulter régulièrement des psychologues ou des serviteurs de Dieu pour un suivi. Sinon, prévient-elle, les années à venir pourraient poser des problèmes pour la santé mentale de la population. Il craint que cette situation n’affecte les comportements futurs des jeunes, qui pourraient devenir violents à la suite du stress et des traumatismes causés par l’insécurité caractérisée par les massacres à Beni.
Sam KITHA D.