Le village de Mavivi/Ngité, situé sur la route Beni-Oicha en territoire de Beni au Nord-Kivu, a de nouveau été la cible d’une attaque rebelle des Forces démocratiques alliées (ADF) dans la nuit du vendredi au samedi 8 mars 2025.
Au moins 5 morts, des blessés et des enfants disparus ont été enregistrés, ainsi que des dégâts matériels. C’est le sous-village de Kavingazi, en localité de Ngité 1er, qui a été ciblé aux alentours de 22 heures.
Les victimes ont été majoritairement tuées et blessées par balles. Au total, 4 blessés et 5 morts, dont 2 hommes parmi lesquels un chef de base.
« Ils sont arrivés ici à l’église CBCA Ngité. Ils voulaient forcer les portes. Peu après, nous avons entendu des coups de feu. L’épouse d’un de mes chrétiens venait d’être tuée par balle. Même au temple, ils ont vérifié dans la maison pastorale, forcé la porte du temple, pensant qu’ils pouvaient trouver des gens. Mais il n’y en avait pas, et ils sont passés. Je ne comprenais pas leurs langues, mais ils étaient nombreux, avec plusieurs enfants », témoigne un pasteur parmi les rescapés.
Toujours parmi les morts, une femme a été calcinée dans l’une des 4 maisons brûlées. Osée, le fils de la victime qui a réussi à se sauver, dit avoir entendu, impuissant, les derniers cris de sa mère.
« J’ai entendu les cris de ma mère ici à la maison. Je suis même sorti et rentré après dans la maison. En fermant la porte, je les ai entendus sur l’autre porte du kiosque en train de la forcer. Quand ils ont fini, ces assaillants ont mis le feu à la maison, jusqu’à atteindre ma chambre, ils étaient nombreux dans la parcelle. Je suis sorti clandestinement. Et là où je me suis caché, j’ai croisé deux personnes, un homme d’ici et un élément ADF qui pensaient que nous étions tous ses compagnons. Il nous touchait. Et quand nous avons remarqué, j’ai pris la fuite. Ils ont calciné ma mère dans la maison, elle est morte. Le petit d’ici à côté, Aristo, a été aussi emporté. »
Dans ces maisons, quatre motos ont été réduites en cendres, plusieurs biens pillés dont des vivres et des animaux de la basse-cour. La société civile du groupement Batangi-Mbau signale aussi la disparition d’au moins 7 enfants. Kathembo Kisaki Louis, président de cette structure citoyenne, exprime sa désolation.
« Et ils ont fait ce qu’ils voulaient et ils sont partis comme ça. Alors que la coalition FARDC-UPDF est ici proche. Il n’y a même pas un kilomètre de là où est implantée une position de l’UPDF. Mais les rebelles ont opéré sans être inquiétés et sont partis. Seulement, ils n’écoutent pas ce qu’on leur dit », se lamente cet acteur des forces vives.
Les habitants de Mavivi/Ngité qui commençaient à regagner leur village sont de nouveau plongés dans le choc suite à cette nouvelle incursion.
Ce samedi matin, les éléments des forces de défense et de sécurité sont arrivés sur les lieux du drame pour des enquêtes et un bref échange avec certains habitants. Ces derniers ont déploré les faibles effectifs des agents de sécurité, notamment les militaires des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les éléments de la Police nationale congolaise (PNC) dans la zone. C’était avant d’obtenir une assurance des responsables militaires sur place, qui ont promis de répondre aux desiderata de la population dans un bref délai.
Nganga Victor Mbafumoja