Les coordinations de la société civile du Grand Nord-Kivu ont rencontré l’ambassadeur de l’Union européenne en RDC. Elles ont été reçues le vendredi 14 mars 2025, au gouvernorat du Nord-Kivu, provisoirement installé à Beni. Au cœur des échanges, la situation sécuritaire et humanitaire dans la province, marquée par les conflits des groupes armés notamment le M23 et l’ADF.
Lors de cette rencontre, les forces vives des villes de Beni et Butembo et des territoires de Beni et Lubero ont dressé un tableau sombre de la situation sécuritaire dans la région. Elles ont rappelé que, depuis près de trois décennies, les ADF s’attaquent aux civils dans les territoires de Beni et Lubero, au Nord-Kivu, ainsi qu’à Irumu et Mambasa, en Ituri. Elles ont présenté un bilan estimatif de plus de 12 750 personnes tuées, souvent par armes blanches, armes à feu ou brûlées vives dans des maisons et véhicules incendiés.
À cela s’ajoutent des milliers de disparus, des maisons incendiées aux cotés des motos et des véhicules, réduits également en cendres. Outre les attaques des ADF, les forces vives ont dénoncé la progression du M23 dans la province. Elles ont rappelé la prise des villes de Bukavu et Goma par cette rébellion, qui continue d’avancer dans plusieurs territoires du Nord et du Sud-Kivu. Dans les zones occupées, les rebelles sont accusés d’assassinats ciblés, d’enlèvements, de violences sexuelles et de recrutements forcés de jeunes pour des formations militaires.
Les forces vives ont exprimé leur mécontentement face à l’Union européenne, qu’elles accusent d’ignorer les milliers de victimes congolaises. Selon elles, la guerre des ADF est une guerre oubliée, voire un non-événement pour l’Union européenne.
«Excellence Monsieur l’Ambassadeur, ce contexte sécuritaire, surtout l’attitude de l’Union Européenne énerve au plus haut niveau la population Congolaise en général, et celle des provinces du Nord-Kivu, de l’Ituri et du Sud-Kivu en particulier. La relation entre l’Europe et la RDC est perçue ici, comme une relation hypocrite, nous le disons de manière honnête et du plus profond de nos cœurs», a déclaré la société civile de Beni-Butembo.
Sur le plan humanitaire, les forces vives du Grand Nord-Kivu ont également alerté sur la situation critique des populations affectées par les conflits, qui nécessitent une assistance urgente.
Face à cette crise, les forces vives appellent l’Union européenne à s’impliquer davantage. Elles demandent un soutien accru aux efforts du gouvernement congolais pour mettre fin aux violences des ADF au Nord-Kivu et en Ituri. Concernant le M23, elles exhortent l’Union européenne à cesser tout soutien direct ou indirect au Rwanda, accusé d’être l’agresseur, et à imposer des sanctions fermes contre Kigali.
Sur son compte X, l’ambassadeur de l’Union européenne auprès de la RDC, Nicolas Berlanga, a remercié le gouverneur du Nord-Kivu et les forces présentes. Il estime qu’il est possible de faire connaître au monde entier les massacres de civils attribués aux ADF dans les territoires de Beni, Lubero, au Nord-Kivu, ainsi qu’à Irumu et Mambasa en Ituri.
« Nous pouvons tous faire davantage pour faire connaître au monde les atrocités derrière la folie des terroristes d’ADF », a-t-il indiqué.
Sam Kitha D.