L’impact de l’insécurité et surtout du phénomène « Ghotsera » dans la commune d’Oicha et ses environs se manifeste également par la disparition des groupes de prières des enfants appelés chapelles. Ces mouvements, jadis animés chaque soir par des enfants, ont disparu depuis la récente attaque rebelle de l’ADF au nord du chef-lieu du territoire de Beni (Nord-Kivu).
Dans la localité Bakila-Tenambo où nous avons fait la ronde, la désolation est palpable. Abigaël Kazimoto et Muhindo Isaac sont membres du groupe de prière des enfants dénommé Marie Consolatrice. Depuis la récente attaque des ADF à Mateule et Mapiki, ils ont du mal à se réunir. Ils sont éparpillés à cause des déplacements de chaque soir vers des endroits qu’ils jugent sécurisés.
« Notre chapelle est Marie Consolatrice. Nous ne prions plus à cause de la guerre. L’heure de la prière arrive pendant que les gens se déplacent. Nous allons les chercher quand ils sont partis. Certains ont déjà déménagé. Quand ils se déplacent, on ne sait plus avec qui prier. Que les militaires poursuivent ces ADF afin que nous reprenions nos séances de prières », sollicitent ces chérubins.
Ces mouvements chrétiens renforçaient pourtant la foi de ces enfants à l’église, témoignent quelques parents que Radio Moto Oicha a rencontrés toujours à Tenambo, cette fois au village Mbinza.
Kahambu Mulwahali et Kambale Kakima Faustin invitent ces enfants à ne pas désespérer et à se joindre à d’autres chapelles là où ils se déplacent chaque soir. Ils doivent aussi prier pour la paix avant de dormir, insistent ces parents qui exigent également le rétablissement de la paix.
« La guerre a dispersé les enfants. Au moment où ils devraient prier, nous nous préparons pour manger et pour le Ghotsera. Ces chapelles les aidaient beaucoup ; au lieu de se méconduire, ils attendaient plutôt la parole de Dieu. Là où ils se déplacent, qu’ils prient avec les autres. Que ces autres aussi les accueillent bien, en leur prouvant de l’amour. Avant de dormir, qu’ils prient pour la paix afin que nous rentrions dans nos domiciles », conseillent ces parents.
Non seulement à Tenambo, ces mouvements de prière des enfants ont aussi disparu, d’autres sont en voie de disparition dans d’autres entités situées au nord-est et à l’est de la commune d’Oicha. Alors qu’à Mamiki, ces groupes de prière fonctionnent encore difficilement, à Nzanza, les enfants ont jugé bon de décaler cette séance de prière à 16 heures, alors qu’elle avait lieu jadis à 18 heures et 19 heures. Cela leur permet de rejoindre tôt leurs familles respectives avant de gagner leurs lieux de refuge.
JC Mbafumoja