Clôture des 16 jours d’activisme contre les VBG : abus et violences sexuelles dénoncés dans des écoles secondaires d’Oicha

Les 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre ont été clôturés ce 10 décembre 2024. Notre série de reportages sur ce sujet s’achève dans les écoles secondaires d’Oicha, territoire de Beni, où des abus et violences sexuels sont signalés.

Les victimes sont non seulement les élèves mais aussi les enseignants. Si certains agissent par ignorance, d’autres le font en pleine conscience. Des élèves qui se sont confiées sous anonymat à Radio Moto Oicha accusent surtout leurs enseignants de harcèlement sexuel.

Nombreuses sont celles qui fléchissent par peur, car menacées d’échec dans leurs cours. Une élève que nous avons contactée, inscrite en 3e année des humanités dans une école d’Oicha, reconnaît cependant que les enseignants sont parfois piégés par des élèves.

« Pour nous les filles, tu arrives en classe en minijupe et tu veux t’asseoir à la première place. Et l’enseignant, en dispensant son cours, se verra attiré vers toi. Il y a les enseignants qui violent les élèves, mais aussi des élèves qui violent les enseignants », affirme-t-elle.

Se confiant à Radio Moto Oicha, un autre apprenant estime que la tenue vestimentaire inappropriée de ses camarades de classe amènerait les enseignants à les courtiser.

« Cette violence se produit, par exemple, lorsque la fille porte une jupe courte, elle se positionne très mal, exposant son corps, l’enseignant finira par la courtiser », soutient-il.

Un avis partagé par un professionnel de l’enseignement dont nous taisons le nom pour des raisons déontologiques. Il préconise la rigueur dans la manière de s’habiller des jeunes filles en classe.

« L’enseignant étant en train d’enseigner, l’œil voit directement les cuisses un peu dénudées, que cherche cette élève ? Les filles laissent ouverts leurs boutons de chemises, les enseignants qui n’ont pas assez de retenue se mettent à les draguer. Il faudrait que la discipline soit plus accentuée, que l’on interdise formellement le port d’une chemisette dont les boutons ne sont pas fermés », propose cet enseignant.

Un juriste précise quant à lui qu’il est strictement interdit à un enseignant d’entretenir une relation avec son élève, fille ou garçon. Il s’appuie sur les textes légaux qui, selon lui, affirment que toute personne sur le banc de l’école est juridiquement considérée comme mineure. Les enseignants qui tombent dans cette pratique s’exposent à la loi.

Darius Syayira appelle les jeunes filles et garçons victimes de harcèlement sexuel impliquant leurs enseignants à le dénoncer.

« Tous ceux qui se livrent à ces pratiques s’exposent à des sanctions. Ce sont des actes frappés d’interdiction. Les élèves victimes doivent dénoncer ces faits à la direction, à l’aumônerie (de leurs écoles), ils peuvent au-delà de cela, aller saisir la police. Les enseignants sont considérés comme des parents et ils doivent vraiment inculquer l’éducation aux enfants. On ne peut pas se justifier en disant que ce sont les enfants qui provoquent. Ils sont juridiquement mineurs », précise Darius Syayira.

Plusieurs cas de harcèlement sexuel sont rapportés dans des écoles à Oicha et aux environs. Des enseignants usent parfois de leur pouvoir pour abuser des élèves. Nombreuses sont celles qui sont tombées enceintes et obligées de mettre fin à leurs études.

JC Mbafumoja

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