Neuf civils ont péri, six autres ont été blessés et plusieurs autres ont été pris en otage lors de l’incursion rebelle de l’ADF dans la nuit de mardi à mercredi 4 décembre 2024 dans la localité de Bakila-Tenambo au nord de Oicha, territoire de Beni au Nord-Kivu.
Les assaillants ont ciblé les villages Mapiki et Mateule aux alentours de 19 heures. À ce moment-là, de nombreux habitants n’avaient pas trop paniqué, après avoir passé une journée sous le même rythme des coups de feu, cette fois tirés par des soldats incontrôlés. Malheureusement, cette nuit-là, c’était la présence de l’ADF, témoigne cette femme du troisième âge.
« On pensait que c’était nos militaires d’ici. Ils ont toujours tiré, c’est pourquoi cela ne nous a pas beaucoup préoccupés, nous sommes allés au lit. Ils ont ensuite commencé à démolir, et c’est là que nous avons commencé à être inquiets. C’était à 20 h. Ils ont cassé notre porte. J’étais au lit avec ma fille. Les assaillants étaient des enfants, les garçons munis d’armes, mais pas les filles. Dans ma chambre, c’est une fille qui est entrée. Elle m’a demandé de ne pas avoir peur, car ils n’étaient pas venus pour tuer, mais pour autre chose. Elle m’a demandé si je n’avais pas un peu d’argent, je lui ai dit non. Elle m’a volé le téléphone et nous a contraints de sortir », témoigne-t-elle.
Une rescapée que nous avons abordée a vu, impuissante, sa petite-fille être emportée par l’ADF. Elle affirme que plusieurs autres biens de valeur ont été emportés.
« Ils ont emporté mes sept poules. Ils m’ont ensuite dit : « Grand-mère, nous allons avec la fille, elle va nous aider à transporter, elle va revenir. » Elle a transporté ces poules. Je leur ai dit que cette fille était mon espoir, et qu’on y aille tous. Ils m’ont suppliée de rentrer en raison de ma santé. Et qu’ils ne venaient pas pour tuer, sinon, ils m’auraient déjà tuée. Je suis ainsi restée. Ils sont partis avec elle, je ne sais où », affirme notre source.
Lors de leur opération, les ADF ont non seulement tué neuf personnes et blessé six autres, mais ils ont aussi incendié des maisons d’habitation et d’autres biens. Les neuf corps des victimes ont été amenés durant la nuit à la morgue de l’hôpital général de référence de Oicha par la police. Parmi ces corps, sept sont des femmes, dont une fillette de moins de deux ans qui a succombé à ses blessures par coups de feu.
Les autres victimes ont été tuées par arme blanche. L’armée confirme cette incursion rebelle de l’ADF et rassure que des dispositions ont été prises pour traquer le groupe auteur de ce crime. Le porte-parole des FARDC dans le Grand Nord, lieutenant-colonel Mak Hazukay annonce, cependant, la libération des mains des ADF de deux civils originaires de Oicha pris en otage. Les FARDC demandent aussi aux habitants de ne pas fréquenter les profondeurs de l’est de la route nationale numéro 4.
Nganga Victor