La diplomatie pourrait être l’une des voies pour mettre fin à la crise sécuritaire de l’Est de la RDC si les partenaires rencontrés par le chef de l’État jouaient franc jeu avec lui. C’est ce que pense un politologue de formation qui commentait le séjour de Félix Tshisekedi en Europe. Il estime que la communauté internationale n’inspire pas confiance. Il veut donc voir le chef de l’État miser également sur des opérations militaires réelles contre le M23 avant tout dialogue avec Kigali, accusé de soutenir les rebelles.
Selon le politologue Jackson Kavanda, la communauté internationale se montre hypocrite et joue son jeu à double tranchant face à la guerre dans l’Est de la RDC. Cet enseignant d’université croit que le chef de l’État devrait arriver à distinguer les vrais et les faux partenaires pour que l’offensive diplomatique contre le M23 et le Rwanda porte ses fruits.
« Nous nous rendons compte que la communauté internationale n’est pas en train de jouer en faveur de la République Démocratique du Congo car elle est plus hypocrite face à notre chef de l’État. Si notre chef de l’État ne parvient pas à découvrir ce jeu caché de la communauté internationale, il prêtera confiance à des partenaires qui ne soutiendront pas la RDC pour trouver une solution à ce qui se passe à l’Est. Par exemple, Macron, son homologue qui est en même temps parrain du Rwanda. Lors de la conférence de presse organisée en France, on sent qu’il y a un discours tenu par Macron qui semble caresser et tromper le chef de l’État, et cela pose un problème », a-t-il déclaré.
L’assistant Jackson Kavanda estime également qu’avant d’entreprendre une démarche diplomatique, le chef de l’État devrait d’abord miser sur une offensive militaire sur le terrain. Selon lui, engager un dialogue avec le Rwanda alors que certaines localités sont encore sous contrôle du M23 placerait la RDC en position de faiblesse et l’empêcherait de s’imposer.
« Le chef de l’État, avant de se lancer dans la diplomatie, aurait dû organiser l’armée et mettre toutes les batteries en marche pour frapper fort sur le terrain. Pendant qu’il serait en train de frapper, je crois que la communauté internationale appellerait à une cessation des hostilités. Cela nous placerait en position de force pour éventuellement négocier avec Kagame ; il serait déjà en partie menacé par nos forces à l’offensive. Pendant tout ce temps, si le chef de l’État promet de négocier avec Kagame alors que les choses ne se passent pas sur le champ de bataille, nous risquons d’y aller tête baissée et Kagame risque de nous attaquer avec tous ses arguments qui disent que nous soutenons les FDLR (Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda) », ajoute ce politologue de formation sur la radio Moto Oicha.
Il souligne également que la question du M23 a des implications internes, notamment le ralliement de certains politiciens frustrés à ce mouvement rebelle. Pour tenter de mettre fin à l’aventure du M23, le chef de l’État se déploie également sur le front diplomatique. Il a effectué un séjour de deux jours en Europe plaçant la question sécuritaire de l’Est de son pays au centre de ses échanges.
SamK.