Beni : le conseil territorial de la jeunesse facilite les échanges entre autorités et la communauté locale autour de la question WAZALENDO à Oicha
La question des volontaires pour la défense de la patrie (VDP) appelés WAZALENDO était au cœur des échanges, vendredi 20 septembre 2024, entre les autorités militaires et civiles du territoire de Beni et des membres de la communauté locale.
L’activité organisée par la société civile forces vives du territoire de Beni, avec la facilitation technique du conseil territorial de la jeunesse de Beni (CTJ), s’est déroulée dans la salle polyvalente Mathe Mathieu sise en commune d’Oicha, chef-lieu de ce territoire.
Dans son exposé de motif, Janvier KASEREKA KASAYIRYO, président du CTJ, a laissé entendre que cette séance d’échange était une occasion de tirer les choses au clair autour de la question des volontaires WAZALENDO, mais également autour de la question des réservistes armés pour la défense (RAD).
« Les gens s’appellent actuellement WAZALENDO. Mais on dirait qu’ils utilisent abusivement ce terme. Quelqu’un qui commet une bavure s’appelle MUZALENDO, mais c’est quoi au juste ? C’est pour quoi nous prenons cette occasion pour venir expliquer aux gens que Muzalendo veut simplement dire patriote. Et tout patriote doit être connu, identifié. Ses attitudes doivent servir d’exemple », a démontré le président du conseil de la jeunesse en territoire de Beni.
S’en sont suivies les interventions des différentes autorités invitées pour la cause. D’abord celle du colonel Teddy Léonard, directeur du bureau civilo-militaire Beni-Lubero et délégué du commandant des opérations militaires grand Nord-Kivu. C’était avant celle du lieutenant-colonel Célestin, délégué du commandant axe Nord, et les interventions du bourgmestre de la commune d’Oicha, Kambale Kikuku Nicolas, voire du représentant de l’administrateur Nzuko Siku Mbili.
Dans tous les cas, ces autorités ont reconnu que la question des WAZALENDO, leur prise en charge et leur gestion en général posent encore problème. Elles ont précisé que la présence des WAZALENDO n’est pas contestée dans la région de Beni, mais qu’il faudra une coordination de l’armée après identification de tous ceux qui veulent servir aux côtés des forces armées de la République démocratique du Congo. Et pour ce, les représentants des commandants des opérations à cette activité ont demandé à la société civile de demander une audience au commandant secteur pour avoir des réponses claires et précises à leurs questions autour de la présence des jeunes volontaires en territoire de Beni.
Le conseil de la jeunesse demande l’organisation des volontaires locaux pour un système local de défense
Lors de cette séance d’échange à laquelle ont pris part des centaines de membres de la communauté d’Oicha et du secteur de Beni-Mbau, parmi eux une dizaine de jeunes qui se disent prêts à défendre la patrie aux côtés de l’armée nationale, le président du conseil de la jeunesse en territoire de Beni a émis le vœu de voir l’armée intervenir dans l’organisation et l’orientation de ces jeunes.
Parlant du souhait de ces volontaires, Janvier Kasereka Kasayiryo estime qu’il est possible que ces jeunes soient utilisés, même dans leur milieu, par les forces armées de la république, ou encore par la police, pour faire face à la menace dans la zone. Il cite notamment la menace de la force démocratique alliée (ADF) et d’autres groupes armés.
« C’est une bonne chose quand nous avons comme ça des volontaires soucieux de la sécurité de leur milieu. Il revient maintenant au commandant des opérations de nous les organiser pour qu’on ait maintenant un système local de défense », indique Janvier Kasayiryo.
Ce président des jeunes en territoire de Beni insiste, cependant, sur l’identification de ces volontaires pour éviter toute infiltration.
« Soyons au même moment prudents. L’ennemi, le M23 et l’ADF sont en train de créer leurs WAZALENDO. Nous devons maintenant éviter de faire partie des faux WAZALENDO pour gagner la confiance de nos autorités. », a-t-il ajouté.
Le président de la société civile noyau d’Oicha, Isaac Kavalami, et l’ancien député national Kambale Mathe Mathieu sont ensuite intervenus pour soutenir l’idée de la jeunesse. C’était avant la phase des questions. Au moins sept (7) participants ont posé des questions et formulé des recommandations au sujet des volontaires, des tracasseries militaires dans la zone et autres questions en rapport avec la sécurité.
Pour le contexte, la question WAZALENDO fait la une en territoire de Beni au Nord-Kivu depuis juillet 2024, dès lors que des jeunes se sont réunis à Oicha au stade Muvingi, autour de l’administrateur de territoire. Ce dernier avait promis, jusqu’aujourd’hui, revenir avec précision sur l’orientation de cette centaine de jeunes qui se disaient prêts à défendre la patrie aux côtés de l’armée.
La situation a mal tourné plus d’un mois après, avec l’alerte du conseil communal de la jeunesse d’Oicha. Lors d’une interview accordée à Radio Moto Oicha, il y a peu, le président de cette structure juvénile a parlé de l’interpellation, par l’armée, de quelques jeunes qui s’appellent des WAZALENDO dans la partie Ouest du secteur de Beni-Mbau, où ils se sont retrouvés, on ne sait pour quel but. Dans cette zone, se déroulent actuellement les opérations conjointes FARDC-UPDF.
Nganga Victor Mbafumoja
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