« Réformer l’armée, c’est le prix à payer pour la paix et la sécurité en RDC. » Telle est la conviction exprimée par le président congolais, Félix Tshisekedi, lors d’une interview exclusive accordée au Figaro. Au lendemain de sa rencontre avec le président rwandais, il a abordé plusieurs sujets, notamment l’augmentation des soldes des militaires engagés au front et le refus du M23 de s’engager dans un dialogue pour parvenir à une paix durable.
Le chef de l’État a d’abord évoqué sa rencontre avec son homologue rwandais au Qatar, qu’il a qualifiée de « conviviale », tout en soulignant que les résultats concrets restent à venir. Félix Tshisekedi a insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, qu’il considère comme une condition sine qua non pour toute avancée significative.
Il a également dénoncé le refus du M23 de dialoguer avec Kinshasa, comme cela avait été prévu dans le cadre des négociations menées sous l’égide de l’Angola. Selon lui, ces rebelles ne sont que des « pantins » manipulés par des intérêts financiers et hostiles à toute forme de stabilité.
« Ce refus du M23 confirme, aux yeux de l’opinion publique nationale et internationale, que ces activistes violents ne sont que des pantins attendant des ordres pour agir. Ils sont opposés à la paix et motivés par une soif d’enrichissement personnel, qu’ils assouvissent dans chaque localité qu’ils occupent », a déclaré Félix Tshisekedi. Il a ajouté qu’il préfère s’adresser directement à leur « mentor », le régime rwandais.
Le président congolais accuse le Rwanda de mener une politique de prédation des ressources minières de la RDC, alimentant ainsi l’instabilité dans la région. Il a qualifié cette situation de « bombe à retardement », alors que la population des Grands Lacs pourrait atteindre un milliard d’habitants d’ici cinquante ans.
Une armée à réformer en profondeur
Concernant l’armée congolaise, Félix Tshisekedi n’a pas caché ses préoccupations. Selon lui, le principal problème réside dans le caractère non uniforme de l’armée congolaise. « Le vrai problème, c’est qu’elle n’est pas uniforme. Elle est hétéroclite, formée de l’intégration, par petits morceaux, de groupes armés ou de miliciens. C’est un fourre-tout qu’il faut maintenant transformer en un seul corps, avec un seul état esprit. La réformer, c’est le prix à payer pour la paix et la sécurité.», a-t-il confié au Figaro.
Le président a également annoncé des mesures visant à améliorer les conditions des militaires. Les FARDC, qui comptent environ 100 000 soldats, ont vu leurs soldes augmenter de manière significative. Alors qu’elles s’élevaient auparavant à 100 dollars par mois, elles atteignent désormais en moyenne 500 dollars pour les militaires engagés au front. « J’ai rééquilibré certains contrats avec nos partenaires chinois, qui exploitent nos richesses. La solde, qui était de 100 dollars par mois, a été relevée. Un militaire au front touche en moyenne 500 dollars », a-t-il précisé.
Enfin, face aux craintes de balkanisation de la RDC, Félix Tshisekedi s’est voulu rassurant. Il a affirmé avec force que l’unité et l’indivisibilité du Congo restent inébranlables. « Tant que je serai au pouvoir, il n’y aura aucune fragmentation de la RDC », a-t-il conclu avec détermination.
Sam Kitha D.